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Une vue excentrée

Une vue excentrée

Regards de la périphérie

Jeunesses françaises

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olivier_anthore on 21 août 2009

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Pour finir la série de mes lectures de l’été, encore un coup de coeur.

Il y a des livres qui vous sont tellement proche qu’ils vous font remonter loin en vous et ce livre en fait partie.

 

Ma première pensée en lisant ce livre est un souvenir d’enfance très personnel qui tourne autour d’un autre livre « Picou, fils de son père » et ce parallèle ne m’a pas quitté lors de toute la lecture.

 

En littérature Picou et Malik sont certainement frères.

 

Sociologiquement et culturellement tous semblent les opposer. Quels points communs entre un petit breton des années 50 écrasé par la personnalité d’un père envahissant et un petit gars de la banlieue d’aujourd’hui élevé par une mère célibataire ?

Un seul peut être mais le plus essentiel, chacun à sa manière nous raconte cette histoire qui nous est commune de la manière dont chacun de nous se construit.

 

Comme toute construction, il y a les faces sombres : « Nous nous rêvions beaux gosses, on était que des branleurs ». Cette découverte n’est jamais agréable mais elle nous aide à grandir.

 

Mais il y a aussi les faces solaires, l’amitié indéfectible de Malik et de ses deux amis qui résistera à tout même au pire.

 

Vous trouverez tout cela avec en toile de fond la banlieue. La vraie avec son voile de fantasmes et de réalité crue.

 

Le tout écrits avec un style léger, très léger, mais jamais facile. Trop souvent quand on veut parler de la banlieue, le ton grave et compassé est tellement facile, le ton revendicatif tellement évident. Là vous aurez sans doute l’impression de glisser à travers les années sans efforts mais ne vous y tromper pas : toute bonne comédie est avant tout un drame où l’on rit.

 

Et ce livre est une excellente comédie.

 

Ci-dessous une interview de l’auteur sur la création

 

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La correspondance de Clemenceau

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olivier_anthore on 19 août 2009

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L’été, la saison propice aux lecture au long court. Un petit billet pour partager une partie de ces lectures.

« On ne gagne rien à connaître un génie au quotidien » aurait dit un critique après avoir terminé l’harassante lecture de la correspondance de marcel Proust. En achetant ce livre je me suis rappelé cette phrase et c’est avec une certaine appréhension que j’ai commencé cette lecture.

 

« Voici l’intimité d’un grand homme » disent les deux responsables de ce recueil et, pour le moins, il n’y a pas tromperie sur la marchandise.

 

L’intimité d’abord, d’un jeune homme qui grandit face à l’adversité, qui est amoureux, qui voyage, qui rit, qui vieillit, qui tombe malade et qui jamais ne semble vouloir se soumettre. Intimité mais pas de voyeurisme dans ce recueil. Les discussions même les plus intimes sont toutes empruntes de cette délicatesse propre aux grandes âmes.

 

Un grand homme. Clemenceau, l’homme qui trouva le titre « J’accuse » au pamphlet de Zola. Clemenceau le Tigre, le tombeur de ministère. Clemenceau le premier flic de France qui présida à la création des brigades mobiles. Clemenceau le père la victoire qui pendant l’année terrible tint les rênes de la France. Mais au delà de ces icônes, Clemenceau l’ami fidèle, Clemenceau l’amoureux passionné, Clemenceau le passionné des Arts.

 

Ce recueil nous apprend à le connaître sans complaisance, avec des notes et un dictionnaire précisant les points de chaque lettre pouvant paraître obscurs.

 

Complétant les lettres un portrait de Clemenceau et une biographie aident à camper le décor dans lequel va évoluer le personnage.

 

C’est peu dire qu’à la fin je suis sous le charme de l’homme et que c’est à regret que je suis arrivé à la fin. Car la découverte d’une personne aussi gigantesque ne se fait pas sans qu’on se sente habité par sa présence et, la dernière page tournée, il ne vous reste plus que l’envie de continuer la route avec lui.

 

Le seul défaut que j’ai pu trouver : quelques fautes dans les notes. Mais c’est vraiment minime.

 

A mettre entre toutes les mains.

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Les théories de la justices de Will Kymlicka

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olivier_anthore on 25 juillet 2009

les théories de la justice

Comme on ne peut pas passer sa vie à colorier des livres, je suis heureux d’écrire que j’en ai lu un. Et un livre de philospohie en plus.

Très souvent en France on résume la philosophie a un questionnement qui tourne autour des sujets du bac. C’est essentiellement des questions sur la science, l’art, la liberté. Sujets important mais pour autant les domaines qu’aborde la philosophie sont beaucoup plus nombreux.

Ce livre est une excellente introduction à un sujet méconnu en France que sont les théories de la justice. Dissipons tout de suite un malentendu : ce livre n’explique pas les théories judiciaire mais expose les différentes théories pour établir une société plus juste.

Will Kymlicka passe en revue les différentes théories en commençant par un grand penseur libéral qu’est John Rawls. Philosophe tellement imposant que quasiment toutes les théories de la justice se sont référé à sa pensée pour la reprendre ou s’y opposer.

Ce que j’ai trouvé passionnant dans ce livre c’est la description détaillée mais avec un véritable souci pédagogique de chaque théorie pour en montrer les tenants et les aboutissants. Kymlicka n’hésite pas à montrer les forces et les faiblesses de chacune de ces théories.

Il met de la clarté et de la distinction là où, surtout en France, on utilise les mots pour obscurcir le discours et rendre incompréhensible les choix politiques.

Car, à mon sens il s’agit là d’un livre à mettre entre toutes les mains des citoyens fatigué d’une vision simpliste dans laquelle on veut les faire entrer bon gré mal gré. Des citoyens qui veulent comprendre où sont les clivages politiques qui peuvent opposer libéraux et libertariens,  qui veulent comprendre ce qu’est une société juste au sens marxiste et communautariens, qui veulent comprendre ce que la pensée féministes remet en cause dans l’organisation de la société actuelle.

Bien entendu ce livre n’est pas parfait. Je noterai deux points pour ma part : un point de vue clairement appuyé sur l’expérience américaines (en particulier pour le chapitre sur le féminisme) et une impasse totale sur l’impact de la crise environnementale sur une société juste.

A lire donc de toute urgence mais en étant conscient que, comme le titre l’indique, cet ouvrage n’est qu’une introduction.

Article intéressant :

Une synthése de la lecture de ce livre par Alain Boyer sur le site Philosophie politique

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Rêver la ville de demain

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olivier_anthore on 13 juillet 2009

Dans le cadre de la biennale de Venise l’année dernière, un concours avait été lancé pour des projets sur la ville de demain.

Beaucoup de projets pouvaient retenir l’attention, pour ma part j’en ai retenu un : Beautiful EveryVille.Everyville
Je me suis permis d’en faire une traduction très libre que je vous livre ci-dessous :

« L’urbanisme à EveryVille (au traditionnel du terme) a échoué.
L’urbanisme traditionnel se compose d’un réseau complexe et des interactions entre l’activité et le lieu. La cohérence de ces deux facteurs a façonné notre pré-connaissance de l’urbanité au fil des générations, même si cette cohérence n’était pas sensible pas au cours du dernier millénaire. Dans les aménagements urbains, comme EveryVille, cette façon «issue du passé» de percevoir l’urbanité échoue car ces lieux ne sont plus déterminés par cette association entre l’activité et le lieu. Ici, le lieu est maintenant associée avec le temps. Ces caractéristiques de l’évolution urbaine contemporaine doivent être prises en compte et être mise à profit.
En ce qui concerne EveryVille, un moyen de toucher l’attention des populations de la ville doit être trouvé. Ce projet offre différentes actions pour EveryVille qui aideront à créer une identité urbaine, sans reproduire les éléments traditionnels de l’urbanisme. EveryVille a pris conscience de ses propres spécificités. Les éléments typique de la banlieue contribueront à la promotion de ces stratégies.
Les stratégies proposées utilisent la subversion, la guérilla et la communication officielle classique.
Pour apporter les services publics au plus près, un container se déplace dans EveryVille, qui change son emplacement en fonction de l’heure et de la fréquentation prévue. Au début, il est recouvert des attributs connus de la municipalité pour obtenir le maximum de reconnaissance. Le revêtement doit être adapté à la mairie du lieu et évolue au fur et à mesure du temps.
D’autres campagnes, comme «Space Invaders» profite du grand nombre d’espaces non utilisés temporairement. Tant qu’ils sont inutilisés des intervenantss peuvent les utiliser pour leurs propres fins.
Il existe également des stratégies que les gens risquent de ne pas reconnaître à la première vue. «Déviation» les guide à leur insu vers certains événements d’Everyville et la campagne «EveryGuerilla » par des actions inopinées (parfois pendant des heures) fait découvrir aux citoyens des aspect inconnus d’EveryVille.
EveryVille est belle! »

Bien sur rien n’est à appliquer tel quel mais rien que des services administratifs mobiles qui se positionnent au plus près des gens selon la journée ça mérite d’y réfléchir non ?

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Le virtuel n’existe pas

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olivier_anthore on 28 juin 2009

Matrix

« Le virtuel possède une pleine réalité, en tant que virtuel. »

Gilles Deleuze, Différence et Répétition.

Voilà un titre qui semble enfoncer une porte ouverte. Aujourd’hui, il est communément admis que le virtuel s’oppose au réel. Le réel est ce qui existe, ce qui se voit, ce qui se touche, ce qui influe directement sur notre environnement. Le virtuel serait alors tout le reste, ce qui n’existe pas, ce qui n’a aucune influence sur la réalité.

Frank Beau dans son livre Culture d’Univers, le définit ainsi : « Le virtuel c’est l’inconnu, l’invisible, l’intangible. […] On dit des rencontres sur l’internet qu’elles sont virtuelles. On ne dit pas de personnes qui se parlent au téléphone qu’elles sont dans le virtuel. ». Nous appelons virtuels ce que nous ne comprenons pas. De notre difficulté à appréhender les choses vient la tendance à minimiser, à croire que le sujet n’est ni sérieux ni important.

En lisant ces articles d’Internet Actu (ici et ici), vous serez peut être amené à remettre en cause la vision de ce que nous appelons aujourd’hui le virtuel.

Bien sur les jeux ne sont pas substantiels, tous jeux, même basé sur des jouets, est essentiellement une construction de l’esprit. De même les relations sur internet se basent aussi pour une part importante sur une intellectualisation. Mais ces relations sont des formes de communications et de même qu’une conversation téléphonique n’est considérée par personne comme virtuelle, ces communications sont de même nature.

Cependant, ce ne sont pas des communications aussi riches. En effet, il est communément admis que 80% de la communication dans une conversation ne se fait pas de manière verbale (avec des mots).

Lors d’une communication « in real life » (je n’ai pas trouvé d’équivalent français à cette expression), la manière de s’habiller, l’odeur, le ton avec lequel vous allez vous adresser à la personne mets une sorte de substance dans votre message et habille votre communication verbale.

En clair, un « je vous aime » prononcé par un homme (ou une femme selon vos préférences) sale, mal habillé, puant et manifestant tous les signes de l’alcoolisme ne sera pas compris de la même manière que prononcé par une personne bien habillée, dégageant une odeur agréable et avec un accent de sincérité. Et ce même si les motivations profondes de chacun peuvent être à l’inverse des apparences.

En théorie, le virtuel empêche cette partie de la communication. Cependant, très rapidement, les utilisateurs ont tourné cette difficulté en enrichissant rapidement les conversations virtuelles. En effet, il y a un langage non verbal dans les communications électroniques. Cela passe, par exemple, par la présence ou non de fautes de frappes ou d’orthographe manifestes dans le texte et par l’utilisation des majuscules. De plus en plus les messages transmis via mail ou messagerie instantanée s’habille d’émoticon, de couleur, voir d’avatar permettant de personnaliser l’expéditeur, voir l’objet mail en lui-même comme dans le cas de la messagerie 3D Mailbox (élue pire application Web par TechCrunch).

Même si le langage non verbal est radicalement différent dans les relations électroniques, il est pourtant présent et même s’il est plus contrôlé par l’émetteur il ne l’est guère plus que dans la communication directe.

Pour en revenir, à mon propos de départ, je trouve qu’il est artificiel de séparer le « réel » du virtuel tel qu’il est fait en ce moment à propos des relations. Une communication, même à travers un jeu, reste une communication.

Ce qui en fait la valeur reste la sincérité et la capacité de chacun des interlocuteurs de l’enrichir et de s’enrichir de cette communication.

A partir de cet enrichissement personnel, l’influence sur le réel se fait par la modification du comportement dans sa vie de tous les jours par les interlocuteurs. Modification qui peut aller de ses habitudes d’achats (grâce au forum et aux avis des autres acheteurs), de vote (comme pour la campagne contre le traité constitutionnel) ou tout simplement en aidant une personne à prendre des décisions structurelles sur sa vie.

Finalement où est la différence ? La distance ?

Le courrier permettait déjà une conversation asynchrone (un des interlocuteurs parle, et attends la réponse de l’autre interlocuteur) avec des gens parfois situé à l’autre bout du monde.

Depuis Graham Bell et l’invention du téléphone, la conversation synchrone était déjà possible à distance aussi.

Le principe des réseaux sociaux qui permettent de mettre en relation des gens partageant des connaissances communes ou ayant fréquenter les mêmes endroits existait aussi. Ainsi que le regroupement par centre d’intérêt.

Ce qui change, par rapport à ces moyens, c’est la simplicité de mise en place et la massification. L’informatique et le réseau fluidifient et facilitent la prise de contact. Ils aident aussi à recomposer rapidement ses contacts selon l’évolution de sa vie et de ses envies.

C’est peut être finalement ce qui pose le plus de problème et donne l’envie de déconsidérer les relations « virtuelles ». Elles sont aussi faciles à rompre qu’à mettre en place. Mais, et les statistiques sur les divorces en sont un indicateur, n’en est il pas de même dans la vie dite réelle ?

Finalement, lorsque l’on veut parler de virtuel, il faut garder en tête la définition qu’en donne Pierre Lévy : le virtuel est une potentialité.

Cette potentialité n’est pas neutre mais pour autant elle n’est ni totalement bénéfique ni totalement maléfique. Et, s’il faut faire preuve de prudence c’est sans doute là que le danger est tapis.

Car, très souvent pour des raisons idéologiques ou commerciale, les potentialités du réseau sont orientés à l’insu même de l’utilisateur.

Que ce soit sur Amazon, lorsque l’on vous conseille un livre lu par un autre utilisateur, ou bien sur Facebook, qui vous suggère régulièrement de nouveaux amis que vous pourriez connaître, des algorithme aveugle cherchent selon des critères de ressemblances à vous faire connaître d’autres gens. Ils obéissent à la même logique, cherchant à rassembler tous ceux qui, au niveau phénotypique, sont semblables.

Sous une apparence de liberté totale, les mondes virtuels pourraient nous enfermer dans des castes tout aussi rigides que celles de l’Inde brahmanique.

Liens intéressants :

L’article communication de wikipedia

World of Warcraft passe la barre des 9 millions d’abonnés

Texte en ligne de Pierre Lévy sur le virtuel

Un texte en ligne qui m’a permis de réactualiser cet article

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internet, vie quotidienne, société

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Reprise en douceur

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olivier_anthore on 27 juin 2009

Un premier billet depuis deux mois de silence. Certes il y a eu la campagne européenne mais il y avait aussi un temps nécessaire de maturation d’éléments personnels.

Je n’ai pas cette chance qu’on beaucoup de pouvoir écrire de manière journalière pendant des mois et des mois. Je suis plus tributaire d’une sorte de respiration qui fais que j’ai envie d’écrire pendant un certains temps et qu’ensuite cette envie me quitte. Pour revenir plus tard.

Aujourd’hui je voudrais juste faire une reprise en douceur en citant un billet de blog qui m’a intéressé sur l’apparition des « hypermondes »

Celà m’a rappellé un vieux billet que j’avais fait et que je vais sans doute chercher à réactualisé à la lumière de ce billet. Lisez le en tout cas, il éveille beaucoup de questions en particulier sur l’influence que pourrais avoir les réseaux sociaux et autres MMORPG sur l’évolution de notre société dans les années à venir.

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Du spectacle politique…

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olivier_anthore on 23 avril 2009

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Mercredi Jean Sarkozy, le fils qui marche sur les traces de son père, a eu le droit à sa manifestation rien que pour lui.

N’étant qu’au début de sa carrière seulement 10 manifestant s’était déplacés toutefois plus du double de journalistes étaient présent.

Même si cette manifestation avait semble t’il un véritable fond revendicatif, j’ai eu en écoutant le Cartier libre de ce matin, qui y était consacré, une profonde impression de malaise. Mon malaise est venu du constat de la journaliste Mathilde de Radio Nova sur le nombre de journaliste : « C’est normal, c’est fun ».

Quelque part la société de spectacle semble perdurer car, si vous voulez vous faire entendre, il faut être spectaculaire. Selon vos envies et vos moyens, soit vous allez faire un joyeux happening ou détruire une sous-préfecture, peut importe. Le tout est que ce soit spectaculaire.

Encore une fois, mains sur le cœur, les journalistes vont affirmer qu’ils ne font pas l’actualité mais qu’ils choisissent ce qu’on leur propose mais cela parait un peu faible.

J’ai eu l’immense plaisir en Octobre dernier de visiter les bâtiments du parlement Européen à Bruxelles où nous avons pu parler avec les députés MoDem : Jean-Luc Bennahmias Marielle de Sarnez et Bernard Lehideux. Un de leur constat était le profond désintérêt des rédactions nationales pour l’Europe à tel point qu’aucune chaine de télévision française n’avait de correspondant permanent auprès du parlement Européen. Les Anglais, grands européens devant l’éternel, si.

Depuis quelques jours, je constate toutefois que France 2 tente régulièrement de faire un sujet européen par journal de 20h. Mais force est de constater que face aux politiques, les journalistes sont plus tentés de leur poser des questions franco-françaises qu’européennes. Sans céder à l’imitation de Jacques Chancel, j’aimerais que les journalistes rappellent à ceux qui prennent la parole que le 7 juin des élections vont avoir lieu en leur demandant « Et l’Europe dans tout ça ? ». Ces élections vont avoir une influence sur le choix du président de la commission de Bruxelles et, au vu de la situation mondiale, nous devons avoir un président à la hauteur.

Un parlement fort et légitimé par une forte participation à son élection, voilà ce qui permettrait à l’Europe de prendre un véritable virage démocratique. Oui des présidents de rencontre peuvent, presque malgré eux, donner l’impression d’une construction européenne mais passé l’agitation que reste t’il ?

Il faut une action de longue durée qui sache influer sur l’évolution de l’Europe comme a su le faire un Jacques Delors en son temps. Mais pour cela il faut présenter les enjeux au Français, qu’ils sentent en quoi les décisions prisent à Bruxelles peuvent être notablement influencées par les députés européens. Pour preuve, la loi Hadopi tant décriée va se trouver bloquer au niveau européen par un rappel simple à un principe fondamental : on ne peut pas condamner quelqu’un sans jugement.

Caton l’ancien ne terminait jamais un discours sans conclure qu’il fallait détruire Carthage (Et ceterum censeo Carthaginem esse delendam). Pour ma part, je pense en outre qu’il faut construire l’Europe.

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…And Justice for all.

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olivier_anthore on 20 avril 2009

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S’il vous faut une preuve que la culture occidentale n’est pas un bloc monolithique, les théories de la justice sont de bonnes candidates pour votre démonstration. Tout d’abord une précision sur le sujet, les théories de la justice dont je vais parler ici ne sont pas les théories qui élaboreraient le meilleur système judiciaire mais bien les théories qui fonderaient la société la plus juste possible.

J’ai découvert l’existence de ses théories, complètement par hasard, sur un très judicieux conseil de lecture d’un ouvrage de référence de Will Kymlicka « Les théories de la justice : une introduction ». Appréciant la philosophie en dilettante et n’ayant pas fini de lire ce livre, je ne me permettrais pas d’en faire une analyse très poussée mais, suite à une question, j’aimerais exposer une analyse personnelle sur la différence entre une théorie de la justice libérale et une théorie de la justice libertarienne.

Mon tropisme personnel étant d’envisager les choses d’un point de vue historique, commençons par nous placer à la fin des années 60 dans le monde Anglo-Saxon. A cette époque, l’état providence était triomphant, les syndicats forts même si politiquement le marxisme était rejeté violemment. L’idée de base de ce « welfare state » était qu’il était possible de distribuer également à chacun ce qui lui était nécessaire pour vivre aisément. Les différences raciales commençaient à s’estomper grâce aux mouvements des droits civiques. L’avenir s’annonçait radieux.

Les années 70 ont sonnées le glas de cette vision optimiste des choses. En effet, le non-dit qui permettait à l’état providence de se montrer aussi apte à répondre aux attentes de tous était une période de croissance telle que rarement connue dans l’Histoire, les fameuses trente glorieuses chère à Jean Fourastié. En effet, cet état providence ne pouvait fonctionner que grâce à une croissance forte, croissance elle-même basée sur une consommation d’énergie fossile à bas prix. Les chocs pétroliers eurent raison de cette illusion et, à la fin des années 70, il devint évident qu’il fallait trouver une autre façon de construire une société juste.

Deux raisonnements se sont alors fait face : les libertariens et les libéraux.

Pour les libertariens, il était important de retrouver une croissance car la croissance permettait de créer des richesses qui ensuite devaient être réparties le plus justement possible grâce aux mécanismes du marché.

Pour les libéraux au contraire, il était important de corriger au plus vite les inégalités non mérités afin de garantir à chacun d’avoir une vie conforme à ses choix.

 

Le succès des thèses libertariennes sur les thèses libérales à l’aube des années 80 est principalement du à une alliance de circonstance avec le courant des néoconservateurs. En fait, les libertariens ne sont éloignés des libéraux que par leur analyse sur les moyens pour rétablir la justice dans la société et leur confiance dans la perfection du marché. Contrairement aux néoconservateurs, les libertariens ne sont pas homophobes, ni sexistes, ni particulièrement racistes. Idéologiquement du moins.

Là où les choses se compliquent un peu, c’est que leur croyance dans le marché et la charge en règle qu’ils ont menée contre l’impôt pendant toutes les années 80 ont entrainé une société fondamentalement inégalitaire et dans laquelle les minorités se trouvaient violemment fragilisées. Les néoconservateurs, se basant sur leur analyse de l’illégitimité de l’impôt comme moyen de rétablissement des inégalités non mérités, en ont en effet profité pour justifier les profits et les positions dominantes dans la distribution des richesses non comme un résultat du déséquilibre des situations initiales mais comme un résultat des choix judicieux des acteurs.

Tout ceci donnait une impression de réussite tant que la croissance, basée sur l’abandon entier des protections sociales, était au rendez-vous.

Cette mascarade a maintenant pris fin, comme nous avons pu le voir lors de la crise financière qui a démontré à quel point la société ainsi construite privilégiait le pouvoir économique en place dans la distribution des richesses et non les choix pertinents des acteurs.

Il est amusant de constater en passant que la France après avoir résisté pendant 20 ans aux sirènes libertariennes a finalement fini par céder lors de l’élection de Nicolas Sarkozy.

Cela relance donc l’intérêt des thèses libérales et de la lutte contre les inégalités non mérités. Le problème de ces théories est leur application. En effet, aujourd’hui, le seul moyen de rétablissement des inégalités que proposent aujourd’hui ces théories libérales est l’impôt. Or, si l’impôt permet éventuellement de rattraper certaines inégalités sur la santé et l’éducation il ne peut suffire à tout.

En effet, les inégalités dues aux sexes, aux préférences sexuelles ou à l’appartenance ethnique ne peuvent pas trouver une solution dans la fourniture de moyens. Il est aussi douteux de penser que l’on peut compenser totalement le handicap par exemple uniquement par des moyens financiers ou alors à des coûts tels qu’il faudrait pénaliser toute la société.

Un autre point est que toutes ces théories n’adressent pas explicitement la problématique de la croissance. En effet, même les libéraux qui réfléchissent sur une société de répartition de biens limités ne se posent pas la question de l’impact sur l’environnement de la satisfaction des désirs des acteurs de la société. Cependant, c’est sans doute la théorie qui s’adapterait le plus facilement à cette prise en compte contrairement aux libertariens qui n’ont d’autres solutions pour satisfaire tout le monde qu’une croissance échevelée.

Ce billet n’est qu’une sorte de note de mi-parcours, et il y a beaucoup de points que je serais sans doute amenés à développer ou à corriger. N’hésitez pas à le critiquer ou à me demander des précisions. J’y répondrais à travers d’autres billets.

Lien intéressant :

Notes de lecture de « Les théories de la justice : une introduction »

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Culture atomique

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olivier_anthore on 15 avril 2009

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Parmi les gourmandises dont j’abuse sans modérations, s’il en est une que je recommande à tous c’est bien la lecture de la revue « Le Débat ».

Dans celle de ce début d’année, vous trouverez une série de textes assez courts qui se répondent autour du livre de François Jullien « De l’universel, de l’uniforme, du commun et du dialogue entre les culture ».

Ces textes parlent de beaucoup de choses de manières très intelligentes et je n’ai guère les moyens d’y ajouter quelque chose mais il y a quand même un point qu’il me semble intéressant de développer.

En effet, François Jullien apporte un distinguo essentiel entre l’universel et l’uniforme. En clair, ce n’est pas parce qu’Harry Potter est disponible partout dans le monde que c’est un texte universel. Cela veut juste dire que l’industrie culturelle a tendance à vouloir uniformiser les goûts et les cultures.

Comment ne pas lui donner raison quand on voit l’impact qu’a pu avoir la télévision sur nos habitudes et qu’elle continue d’avoir aux îles Fidji par exemple.

Cependant, j’aimerais apporter un certains nombre de bémol sur cette vision d’une uniformisation grandissante.

Une première réflexion vient de l’incroyable popularité de Winnie l’ourson dans la culture populaire polonaise. Le livre Winnie L’Ourson a été élu par les lecteurs de la revue « Kanon na koniec wieku » en 1999 parmi les 25 livres les plus importants du XXème siècle. Contrairement à ce que pourrait faire croire une analyse rapide, il ne s’agit pas là d’une soumission à la culture anglo-saxonne car des auteurs comme Boulgakov, Camus et Eco, entre autres, y tiennent leurs places. Non, tout simplement ce texte a été assimilé, les polonais se sont approprié ce héros, ils l’ont naturalisé polonais si bien que pour eux il s’agit d’un héros plus polonais que Britannique.

Umberto Eco affirmait dans sa préface de « Le nom de la rose » : « l’auteur devrait mourir après avoir écrits pour ne pas gêner le cheminement du texte ». En effet, un texte une fois donné à lire appartient à celui qui le lit, pas à celui qui l’a écrit. De même donner à lire un texte de n’importe quelle culture à des représentant d’une autre culture risque fort de réserver quelques surprises. Il y a finalement peu de moyen de savoir par avance ce qui va en être retenu et comment le texte sera effectivement assimilé.

Une autre réflexion est que la tendance actuelle de la technologie, loin de favoriser une uniformisation, favorise au contraire, à travers les outils d’hyper personnalisation, une atomisation de la culture. En effet, nous pouvons définir de plus en plus finement, de plus en plus particulièrement nos goûts, nos attentes. Les arguments d’autorités sont de plus en plus discrédités. Qui parmi vous lis une critique cinématographique d’un expert certifié avant d’aller voir un film ? Qui demande son avis à son entourage immédiat ou à son réseau social ?

S’il y a bien une uniformisation, elle ne se fait pas par une conspiration industrielle mais tout simplement par une dévalorisation du jugement des experts au profit de la « sagesse de la foule ». Ce qui fait la force de cette sagesse c’est qu’elle nous considère tel que nous sommes, en tenant compte de notre spécificité individuelle et pas tel que nous devrions être en tenant compte du standard culturel auquel nous appartenons.

Je devrais dire auquel nous sommes censés appartenir car après tout cette appartenance se devrait d’être explicite et non pas implicite comme c’est le cas très souvent. Il fut un temps où il existait des livres qu’il fallait avoir lus, des films qu’il fallait avoir vus, des musiques qu’il fallait avoir écoutées. Cet ensemble de « must » définissait un standard culturel, une culture « classique » qui, régulièrement, était renouvelée une culture classique nouvelle remplaçant une culture classique ancienne. Ce temps semble maintenant révolu et, paradoxalement, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle.

En effet, à quoi sers cet hyper-choix si pour nous construire nous n’avons que les conseils de gens tout aussi perdu que nous ? N’est-ce pas l’aveugle qui guide l’aveugle ? Ne sommes nous pas passé d’une construction culturelle verticale, presque dictatoriale, à une absence totale de construction ? Je crains pour ma part que ce que François Jullien prends pour de l’uniformisation ne soit finalement qu’une bouillie informe et grise.

Lien intéressant : interview de François Jullien par Philomag

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Le management Voyage au centre des organisations

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olivier_anthore on 8 avril 2009

Le management

Pourquoi lire un livre sur le management vieux de 10 ans ?

Tout d’abord il faut sortir du titre : ce livre ne vous apprendra pas comment devenir le nouveau Steve Jobs ou le remplaçant de Carlos Ghosn. Henry Mintzberg est un spécialiste des organisations et c’est bien des organisations dont il est question dans ce livre.

La première partie de ce livre s’attache effectivement à regarder les méthodes de management et montre à quels points la volonté de rationalisé ces méthodes fini par aboutir à des méthodes déshumanisées et inefficaces sur le terrain. Le titre du dernier chapitre de cette partie en dis d’ailleurs long sur son propos : Former des managers et non des diplômés de MBA. J’ai trouvé cette partie pleine de bon sens et par certains coté jubilatoire car elle rappelle que l’humain n’est pas un matériau neutre et que manager vient du mot français ménager.

La deuxième partie est plus un exposé de classification des différents types d’organisations et de la manière de les recombiner entre eux afin de décrire et de comprendre le fonctionnement des organisations. Cette partie est utile pour comprendre les raisonnements de Mintzberg mais j’avoue que c’est la partie la plus aride de l’ouvrage. J’ai personnellement eu beaucoup de mal à arriver au bout de cette partie.

La troisième et dernière partie de cet ouvrage justifie à elle seule la lecture de ce livre à mon sens. Cette partie est sans doute la plus politique est permet de comprendre beaucoup de choses sur les causes objectives qui ont permis la crise actuelle. L’attaque en règle de Mintzberg sur le management superficiel qui oublie la profondeur des choses pour ne se baser que sur des collections de chiffres sans substances sonne comme un cri d’alarme qui n’a pas été écouté à temps. Mintzberg reconnaît qu’il n’a pas de réponse simple et toute faite mais par contre il propose une démarche mesurée et n’hésite pas à renvoyer dos à dos ultra-libéraux (Milton Friedman en tête) et tenant de l’économie planifiée avec un « Peste soit sur vos deux maisons » bien senti.

Pour lui le problème n’est pas la propriété des organisations : la nationalisation n’est ni un problème ni une solution. Par contre le souci majeur reste comment faire entrer la démocratie dans les organisations quand elles deviennent trop grosses.

Un problème d’actualité quand on voit des milliards injectés dans des entreprises trop grosses devenues incontrôlables même par leurs propres managers.

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