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Une vue excentrée » écologie

Une vue excentrée

Regards de la périphérie

Chassez le naturel !

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olivier_anthore on 7th février 2012

Vous trouverez ci-dessous le texte de ma chronique diffusée sur www.133b.fr

 

S’il y a un mot qui bénéficie d’un fort sentiment de sympathie de nos jours c’est bien naturel. Comment s’en étonner dans une période où toutes les technologies sont sujettes au soupçon ? Pourtant la définition, issue de Wikipedia, du mot naturel laisse rêveur. En effet ce mot « qualifie effectivement parfois un objet ou une substance qui n’a pas été transformé, mélangé ou altéré par un artifice quelconque ». Car parler de naturel a-t-il un sens ?

C’est ce que soulevait déjà le sociologue Ulrich Beck dans une tribune du Monde en écrivant « on parle de “catastrophes naturelles” et de “dangers pour l’environnement” à un moment de l’histoire où n’existe précisément plus quelque chose comme une “pure nature” que l’on pourrait opposer à la technique et à la société. »

Cette notion de naturel devient encore plus floue quand on parle de nourriture. Un exemple troublant est celui de l’eau minérale. Pourtant, en apparence, il n’y a rien de plus simple et de moins transformable que l’eau. La première chose qu’il faut comprendre est que l’eau que vous consommer est soumise à une réglementation assez stricte. C’est assez rassurant de se dire que l’Etat n’a pas envie que nous buvions de l’eau de mauvaise qualité.

Là où les choses se compliquent un peu est que selon la qualification de l’eau en bouteille, eau de source ou minérale, la réglementation n’est pas la même. Cette qualification, et cette obligation de qualité, impose déjà au producteur d’effectuer un certains nombres de contrôle pour mériter son appellation. Jusque là, pas de transformation me direz vous. Mais que se passe t’il quand, par exemple, un producteur se rend compte que la qualité de son eau évolue suite aux méthodes d’agriculture utilisée dans sa région de production ? C’est exactement ce qui s’est passé avec l’eau de Vittel où la société exploitante s’est rendue compte de l’augmentation des taux de nitrate de sa source. Il faut savoir que la loi définie, dans ce cas, un périmètre de protection des sources qui peut amener à contraindre les propriétaires des terrains dans ce périmètre. En l’occurrence, la société exploitante a travaillé en concertation avec la chambre locale d’agriculture. Des ingénieurs agronomes, des chercheurs furent mobilisés pour aider les agriculteurs à changer leurs méthodes.

Cela ressemble à une « success story » car avec de la bonne volonté de tous, et pas mal de moyens, la qualité minérale de la source a été préservée. Là où les choses se compliquent un peu c’est que nous avons quitté se faisant la notion de naturel. En effet, même si la qualité de l’eau n’est pas modifiée après captage, c’est en amont que les mesures sont prises pour la maintenir dans un état qui est légalement acceptable.

Nous avons donc une transformation qui apparaît certes de bon sens mais une transformation quand même. Que dire aussi des transformations post extraction avec par exemple, pour certaines eaux gazeuses, une injection de gaz afin d’en uniformiser le pétillement ?

Ce que je cherche à illustrer là c’est combien la citation de Beck est lourde de sens. Si nous prenions par exemple les produits biologiques. Certains veulent voir dans ces produits, des produits naturels au sens cité au début de cette chronique. Ce serait là encore une erreur encore plus lourde que pour l’eau minérale. Car biologique veut dire que certains produits sont interdits mais certainement pas qu’aucun traitements n’est effectué. Ne serait ce que pour des raisons de législations, l’agriculture biologique est une activité tout aussi anti-naturelle qu’une autre au sens retenu ici.

Bien entendu, je ne cherche pas à poser le problème des bienfaits réels ou supposés de ce type de culture. Des études contradictoires ont été faites et je serais tenté d’attendre qu’un consensus scientifique se dégage avant de prendre parti.

Ce qui devient gênant en fait, c’est qu’une confusion se met en place entre les notions de naturels et de bienfaits. L’utilisation du mot nous pousse à croire que le naturel est forcément bon et que ce qui ne l’est pas forcément mauvais. Cette dérive est inquiétante car elle tue tout débat. Si le naturel est le bien, comment ne pas se soumettre ? Le problème est que non content de ne pas exister, ce que l’on prétend naturel n’est pas nécessairement bon. Une eau minérale naturelle, par exemple, serait considérée comme non potable si elle sortait de votre robinet. De quoi faire réfléchir n’est ce pas ?

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L’enfermement planétaire

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olivier_anthore on 27th octobre 2011

Voici le texte de la troisième chronique diffusée sur 133b

Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais je suis très souvent fasciné par les images de la conquête spatiale. En particulier quand on parle de la colonisation de Mars.

Tout ceci a un petit parfum de merveilleux qui rappelle furieusement les chroniques martiennes de Ray Bradbury. Et puis, incidemment, cette conquête ne serait elle pas la solution à tous nos problèmes environnementaux ?

Ne pourrait on pas aller dans la ceinture d’astéroïdes chercher les minéraux manquants  sur Terre ? Ne trouverons nous pas sur Mars un havre pour absorber le surplus de la population humaine ? Et, une fois le système solaire conquis, pourquoi ne pas envisager d’en sortir ?

Tout n’est malheureusement pas si simple.

Parlons prix d’abord, pour envoyer 5 à 6 personnes sur la lune, le coût serait d’à peu près 100 milliards de dollars. On peut comprendre le peu d’entrain du président Obama à financer le programme de vol habité. En temps de crise, il y a certainement de meilleures manières d’utiliser une telle somme. Quand on sait que Mars est 194 fois plus éloignées de la Terre que la Lune, le coût pour y emmener ne fusse que la population d’une petite ville doit être proprement astronomique.

Ensuite, il faut comprendre que l’espace en dehors de notre Terre est un espace hostile. La Terre avec son atmosphère et son magnétisme, nous protège des vents solaires et autres radiations venues de l’espace. Hors de notre cocon protecteur, nous serions livrés à un bombardement intense source de cancers. Il suffirait peut être de faire des engins blindés contre ces radiations ? Le remède serait alors pire que le mal. En effet, les particules du blindage seraient transformées en projectiles par l’effet de ces radiations. Bref, nous n’avons pas aujourd’hui de solutions techniques qui nous permettent de sortir de la proche banlieue de notre planète.

Ces constats ont été exposés au public français par Serge Brunier, journaliste scientifique, et surtout par André Lebeau, ancien directeur du Centre National d’Études Spatiales (CNES).

Chacun en tire ses conclusions qui ne sont pas forcément contradictoire. Le premier tirant les conséquences des impossibilités techniques, pousse pour que la conquête de l’espace continue par l’intermédiaire des robots dans les siècles à venir.

Le second, plus radical, développe une théorie de l’enfermement planétaire où l’espèce humaine doit radicalement changer ses modes de vies car elle n’aura pas d’autres planètes à disposition.

Bien sur, ces conclusions ne sont tirées qu’à partir d’un état des connaissances actuelles. Une découverte exceptionnelle d’une technologie particulière pourrait changer la donne. Il ne faut jamais désespérer du génie humain. Et après tout, Magellan et Colomb s’embarquant sur des navires fragiles n’ont ils pas contribué à amener des changements qui rendent aujourd’hui la Terre si petite ?

Mais, la prochaine fois que, comme moi, vous rêverez sur des images de Mars terra-formée, garder à l’esprit que tout cela risque de ne rester qu’un beau rêve. Avant que nous puissions envisager de nous sortir de la banlieue terrestre nous devrons régler nos problèmes ici et maintenant.

Liens intéressants :

Planète Mars, rouge, rouille, bleue ? émission scientifique indispensable du lundi, Continent Science parle de la planète mars

« L’enfermement planétaire » Présentation du livre de André (livre dont la présentation m’a donnée l’idée de cette chronique)

« Le tourisme spatial est la preuve que les vols habités ne servent à rien » Une interview décapante de Serge Brunier

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Lecture d’été : ecoresp 2 vers un new deal écologique

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olivier_anthore on 18th août 2010

couvecoresp2

Les vacances d’été sont pour moi un moment privilégié pour me plonger dans toutes les lectures que mon rythme de vie habituel m’interdit.

C’est pour cela que je me suis plongé dans un livre offert par un mai de Cap21, que je remercie au passage, même si politiquement les appareils nous séparent l’amitié née des combats communs reste.

Concernant ce livre, autant être honnête ce livre date, 2006, et n’est vraiment pas un grand moment de littérature. Alors faut il le lire ?

Une fois passée les répétitions et les coquilles qui, sans obscurcir le sens, décrédibilise un peu le message il reste une vision intéressante d’une alternative écologique en matière de politique.

L’intérêt de ce livre est finalement de montrer à quel point à partir d’un constat qui parait encore pour beaucoup apolitique et de bon sens se construire un projet de société et ses conséquences.

On peut adhérer à ce projet mais il reste discutable et, finalement, ce que je trouve de plus salutaire à ce livre c’est qu’il se présente d’entrée de jeu comme un livre débat. Car si les constats sont indiscutables, certains rapprochements sont douteux et les conséquences tirées sujets de controverses fructueuses.

Alors faut il lire ce livre ? Si vous avez horreur d’être d’accord avec vos interlocuteurs, que c’est le mois d’Août, que vous êtes en vacances et qu’il pleut, lisez le. Sans le suivre il vous donnera toujours du grain à moudre pour tracer votre propre route.

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